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  • C'est fou comme, même dans un article qui appelle à revenir à un peu de raison sur le sujet, on se sent obligé de partir loin dans un sens ou dans l'autre. Cette histoire de lymphome non-hodgkinien est loin (pour le peu que j'ai suivi de la littérature sur le sujet) d'être la "fluctuation statistique" que présente une grosse partie de l'article (dont "source Bayer", super...).

    Évidemment que ça dépend de l'exposition (si avéré, ça semble ne concerner que les professionnels qui utilisent l'herbicide à haute dose) et du mix utilisé (RoundUp, etc), et de tout un tas d'autres facteurs, donc s'acharner sur telle ou telle étude en particulier n'a aucun sens. Je viens de re-regarder les dernières méta-analyses, même ça, ça va dans tous les sens en fonction de ce qu'on inclue ou pas. Mais justement, ça veut bien dire que le sujet est compliqué, pas qu'il n'y a rien à voir : ce ne sont pas des fluctuations quantiques du vide, ça dépend des critères d'inclusions, du produit étudié, de l'outcome choisi... Par contre, c'est important de souligner : quand il y a quelque chose, ça ne ressort quasi-systématiquement que dans les populations les plus exposées, donc les agriculteurs qui utilisent le produit. C'est important parce que c'est un usage spécifique, et ça pose des questions très fortes de protection professionnelle, mais c'est pas la population générale.

    Pour les effets de perturbation endocrinienne, j'ai jamais trop fouillé, parce que c'était pas trop là que portait le débat ces dernières années (et l'article n'en parle d'ailleurs pas). C'est pas toujours simple à estimer d'ailleurs. Donc à voir.

    Donc, soyons raisonnables, et parlons des choses pour ce qu'elles sont, dans leur complexité : distinguons risque et danger, distinguons les populations concernées, distinguons les produits dont on parle (glyphosate ou RoundUp ?), etc. Là, il pourra y avoir un débat intéressant (et peut-être même apaisé). Distinguons aussi les acteurs : évidemment que Monsanto est une firme qui n'a peur de rien pour accroître son profit, c'est attesté ; évidemment aussi qu'il y a des soucis de transparence et d'indépendance sur les différentes agences d'évaluation ; et qu'il y a tous les soucis médiatiques soulevés par l'article (l'affaire Séralini divise toujours au sein de la communauté des biologistes, ce que je ne comprends pas, parce qu'en regardant les résultats scientifiques du monsieur, y a vraiment de quoi passer son chemin). Tiens, distinguons aussi le scientifique et le juridique, parce que la justice n'est pas un organe apte à trancher le consensus scientifique, ça se saurait. La plupart du temps, toute cette complexité scientifique et humaine est noyée dans une "vulgarisation" qui prend les gens pour des neuneus et du sensationnalisme tout pourri.

    • Par contre, c’est important de souligner : quand il y a quelque chose, ça ne ressort quasi-systématiquement que dans les populations les plus exposées, donc les agriculteurs qui utilisent le produit. C’est important parce que c’est un usage spécifique, et ça pose des questions très fortes de protection professionnelle, mais c’est pas la population générale.

      Je suis d'accord avec le fait que les sujets scientifiques peuvent partir totalement dans du sensationnalisme pourri même quand l'inquiétude est légitime (voir les ondes par exemples), mais par contre ton argument "c'est pas la population générale qui prend des risques" est totalement biaisé, et pas du tout à la hauteur des enjeux environnementaux. Le "phytosanitaire" comme on dit, c'est une industrie du poison qui s'est réfugiée derrière cet argument depuis trop longtemps. Et maintenant que tous leurs poisons pas dangereux à petite doses soi-disant se sont accumulés dans la terre et dans l'eau, on est bien dans la merde.
      J'ai l'impression que ton discours sur ce sujet va plutôt dans le sens du satu-quo, c'est ça qui me dérange, plus que la méthode critique que tu présentes.

      • Tu remarqueras que mon message ne donne pas un avis "pour" ou "contre" le glyphosate, ni n'aborde les enjeux environnementaux. Pour la bonne raison que je n'ai pas d'avis simple sur la question, pour les raisons évoquées dans mon premier message et les pour tout un tas d'autres raisons sur le sujet environnemental.

        Le seul point simplement articulable que je peux donner, qui montre que je ne suis pas du tout pour un statu quo, c'est que chaque fois qu'il y a moyen de réduire les intrants et chaque fois qu'il existe des alternatives moins nocives, pour la santé, l'environnement ou les deux (ça redevient compliqué s'il faut choisir entre les deux...), alors c'est vers cette voie qu'il faut s'orienter. Ça me paraît être un principe raisonnable et opérationnel, MAIS ça demande des résultats scientifiques sur lesquels s'appuyer, et c'est rarement suffisamment clair, suffisamment rapidement. Dans les cas où on a pas ça, le débat devient assez politique dans sa nature, mais il faut au moins qu'il se base sur le peu que nous savons.

    • Merci pour ton retour !

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