L'hosto de Nantes placé en réa [Canard enchaîné]
L'hosto de Nantes placé en réa [Canard enchaîné]
VITE, des tranquillisants ! Le chantier du futur hôpital de Nantes, qui a déjà débuté, en plein cœur de la ville, et dont l'achèvement est prévu en 2027, continue d'angoisser la chambre régionale des comptes. Après une première enquête salée (« Le Canard », 4/8/21), les magistrats se sont fendus d'un « audit flash », rendu public mi-mai et passé quasi inaperçu, dans lequel ils pointent à nouveau un dérapage incontrôlé des dépenses - la chambre appelle ça pudiquement « une trajectoire financière modifiée ».
Ces râleurs notent que le budget, fixé à 956 millions d'euros au début du projet, est passé à 1,247 milliard en 2021, mais que « cette hausse pourrait ne pas être suffisante, les hypothèses d'inflation et de taux d'intérêt avant été révisées de façon trop optimiste ». Urgences sur pilotis Le budget « équipement » du futur CHU, qui sera de pointe, a également été sous-évalué. Un rapide calcul montre que le coût final du projet dérive allègrement vers... 1,7 milliard d'euros ! Soit, grosso modo, le double de l'enveloppe initiale. Risque d'AVC chez les contribuables nantais…
Ce « surcoût (...) ne remet absolument pas en question le projet ni sa livraison », balaie l'agence régionale de santé des Pays de la Loire, qui évoque « des facteurs à la fois externes et imprévisibles » communs à tous les grands chantiers. Les opposants au projet rappellent, cux, les choix effectués, parfois curieux. Comme celui du site d'implantation : 10 hectares sur l'île de Nantes, un terrain meuble qui nécessite de planter 2 600 pieux métalliques et la construction de trois lignes de tramway. Un sérieux surcoût qui ravit le groupe Vinci, lequel a raflé la moitié du marché des travaux (Médiacités, 6/7/21). Ce rapport de la chambre régionale des comptes tombe en même temps qu'un autre : celui de la Médecine du travail de l'actuel hosto. Qui s'alarme de la dégradation des conditions d'exercice des 13 000 agents touchant « toutes les catégories socioprofessionnelles, tous secteurs confondus ». « Des syndromes d'anxiété, des signes de surmenage, d'épuisement physique et psychologique » ont été relevés. A croire que tout le monde n'a pas droit à la même générosité budgétaire…