Point de départ : la reprise à The Voice d'un morceau de Jul fait sensation, explication sociologue de la raison de son succès dans les médias.
Retour historique sur la culture rap et le mépris associé. Jul serait méprisé car rappeur. A la base le rap était une culture alternative et donc nécessité un certain capital culturel (Akhenaton par ex enfant de classe moyenne sup qui pouvait importer la culture rap US en France), le rap serait pas populaire à la base, idem au niveau des auditeurs.
Le rap devient populaire (au sens classe populaire) au niveau des 2000 et devient méprisé par les classes sup. Le dégoût du rap apparaît comme un marqueur de classe. Ça cite Bourdieu en scred sans le dire (Nos goûts sont des dégoûts) par une sociologue.
Après le rap devient mainsteam, Jul apparaît ici mais est détesté comme jaja, pourquoi alors ?
Portrait sociologue de Jul, on connaît pas ses origines sociales. Soit son père est artisan entrepreneur, soit employé en maçonnerie (ouvrier). Il habitait surtout avec sa mère. Il a grandit en HLM dans une cité pas trop ghetto. Scolairement arrêt de son BEP, pas de diplôme (représente 13% des hommes en distribution stat). Lien de mépris avec son orthographe pour disqualifier son travail (stigmate -> figure repoussoir -> rejet). Son écriture traduit donc une appartenance de classe, le rejet de son écriture correspond donc à un rejet des classes populaires (absence de validation sociale partagée). Rejeter les "cassos" est une valorisation facile en société.
Point sur Link The Sun, youtubeur culture des 2010's. Point sociologique sur sa critique : elle apparait comme très scolaire, il se prend pour un prof analysant la légitimité culturelle des oeuvres en donnant des notes. Ce type de jugement scolaire permet de hiérarchiser socialement les individus. Analyse de la critique ensuite via l'instrumentalisation de la critique du sexisme pour s'autovaloriser dans sa masculinité. Reprise aussi de l'analyse sur la passion de la moto des classes populaires tournées en dérision.
Le ton scolaire de Link The Sun est analysé sur son expression jugée pauvre, ce qui est revendiqué par ailleurs par Jul. Ensuite procès de LTS sur le manque de cohérence. Critique aussi du manque d'intelligibilité de Jul (trop d'implicite).
Ces reproches reproduisent ceux effectués par les profs à l'égard des enfants de classe populaire. Le procès de Jul apparaît donc comme un verdict scolaire, une sanction sociale et donc un mépris enracinée dans les mécanismes de la société (reprise de la théorie de Lahire sur les rapports au langage, les classes populaires auraient un rapport pratique à la langue, ce qu'il dit d'ailleurs en interview).
Inversement LTS valorise Big Flo et Oli qui sont capables d'abstraction et de présenter en surplomb.
En gros, sous prétexte de critique de l'artiste, on critique son monde social.
Ensuite dézoom par le youtubeur sur la structuration arbitraire de la société avec une division entre manuel et intellectuel.
Passage d'interviews où les journalistes surintepretent les textes et où Jul reste pratique. Parallèle inverse fait avec Damso (enfant de bourgeoisie congolaise).
TLDR de l'auteur : Jul est pas aimé car son rapport au langage est celui de sa classe, ce qui est repoussoir pour d'autres classes sociales. (Rappel implicite du dégoût = goût).
-- 2eme partie sur le côté musical, le "style Jul"
La mélodie de Jul (type beat) qui sonne toujours un peu cheap, rythmique bourrin et rapide. Y'a une esthétique propre et dansante.
Le côté fonctionnel et efficace de sa musique rejoint ce qui peut être assimilé aux classes popu (le fond prime sur la forme). Même chose que pour le langage. Point sur Bourdieu et sa sociologie relationnelle (nos pratiques sont liées entre elles et répondent à comment on s'est construit et réciproquement, théorie de l'habitus).
Point sur le côté Decathlon (rejoint le côté efficace et fonctionnel en termes de goût populaire).
Point sur la nourriture aussi où son plat préféré sont les pâtes bolo.
Focus sur ce qui est populaire ou pas. Reprise via Bourdieu de l'esthétique de Kant qui clashait le côté explicite en l'assimilant au vulgaire, valorisant l'abstraction (le livre de Bourdieu la Distinction est un démontage de l'esthétique kantien). Ce qui symbolise le plus ici est le musée (White cube décontextualisant) où des œuvres leurs fonctions sont encensées.
L'urgence pratique des classes populaires est rejetée par les classes supérieures qui ont la possibilité d'une mise à distance. L'explication part des conditions matérielles impliquent un rapport au monde où les ressources permettent cette cette à distance.
Conclusion : Jul propose de la musique facilement accessible en opposition au goût bourgeois. Rapport ethico-pratique versus rapport formel.
Ça me fait toujours un peu marrer chez les bourdieusiens cette manière très scolaire de dénoncer le côté trop scolaires de la bourgeoisie. Ça restera leur paradoxe ultime.
J'ignorais l'origine bourgeoise du rap français. Marrant.
Sur l'origine de Jul je doute que ça joue tant que ça, on juge de la musique avant l'auteur/compositeur/interprète, le reste - soit la simplicité directe liée a Jul lui même - carrément par contre. Ça éclaire aussi potentiellement une partie de mes dégoûts musicaux.
J'ai de gros doutes sur l'origine bourgeoise. Si on se limite aux plus gros noms en France au début des années 90 on pourrait peut-être tirer des conclusions hâtives, mais même comme ça…
1h le truc par contre, ça a l'air très solide, mais je ne sais pas si j'aurais le temps de tout écouter, par contre pour les transports ça peut être cool